La méditation de pleine conscience est une pratique qui permet d’être plus présent à soi, à notre partenaire et au monde. Elle nous invite à tourner notre expérience vers notre intériorité, sans en chercher la moindre modification.
Dans notre vie quotidienne, nous passons d’un moment à l’autre sans avoir conscience de l’expérience vécue : notre attention est éparpillée. Toutefois, il suffirait juste d’un instant de conscience, d’un retour à soi, d’un contact avec l’instant présent pour permettre à l’expérience d’être vécue tout autrement, d’être vécue avec profondeur, avec authenticité et avec bienveillance.
Je respire… donc je suis.
Lorsque l'on débute la méditation de pleine conscience, on est invité à observer notre souffle. De la naissance à notre mort, le souffle est en effet un guide fidèle, à l’image d’une ancre sur laquelle nous pouvons nous reposer. Quand des bougies, des images ou de la musique sont matériels et extérieurs à soi, la respiration est à l’inverse un phénomène vital intérieur et régulier, un souffle de vie toujours présent. De plus, apprendre à faire entrer dans notre champ de conscience un élément aussi « banalisé » que peut être la respiration, nous permet de goûter à un retour à l’essentiel. « Dès que nous portons attention à notre respiration, le temps d’une inspiration ces trois éléments : le corps, le souffle et l’esprit se rassemblent. Une seule seconde suffit et vous devenez pleinement présent dans l’ici et maintenant. » (Thich Nhat Hanh, 2014)
Et nos pensées dans tout ça ?
Le discours populaire au sujet de la méditation porte à croire que lorsque nous pratiquons la pleine conscience, nous ne devons pas penser. Cela est tout à fait erroné. Au contraire, en portant son attention sur le moment présent, on réalise à quel point les pensées sont nombreuses et lorsque l’on s’en aperçoit, revenir sur l’objet d’attention choisi (par exemple le souffle,) nous entraîne à observer ces pensées afin d’éviter la fusion avec ces dernières.
L’énergie de la pleine conscience dans le couple.
Plus nous alignerons les 3 pôles « corps/souffle/esprit », plus nous parviendrons à être en nous-même, au plus proche de nous-même. En notre centre, nous serons plus conscients de nos pensées, de nos jugements, de nos sensations et grâce à cela, plus nourrissante car plus sincère et plus « juste » sera notre communication d’abord de nous à nous, et puis de nous à l’autre.
Exemple : Une dame revient d’une journée de travail dans laquelle elle a enchaîné les réunions, n’a pas eu le temps de prendre son repas de midi, est entrée en conflit avec une collègue… et tout cela, sans prendre le temps de s’arrêter pour observer ce qu’il se passait en elle. Elle rentre confuse de ce tourbillon d’émotions non-reconnues/non-accueillies et que voit-elle lorsqu’elle rentre ? La paire de baskets de son mari qui traîne au milieu du couloir. Sors alors toute sa colère, toute sa frustration dirigée sur son mari qui a (peut-être une fois de plus) laissé traîner ses chaussures.
Mais est-ce « juste » de déverser toutes ces émotions sur son mari qui n’est en rien responsable de la lourdeur de sa journée ?
Si elle avait pu prendre le temps, dans le silence, d’entrer en elle et d’observer toutes ces parties d’elles-mêmes secouées par cette journée, elle aurait eu la capacité de discerner :
- Les sensations/émotions provoquées par la situation au travail
- Les sensations/émotions engendrées par les baskets dans le couloir.
Si elle avait pu s’arrêter et regarder avec une attention ouverte et bienveillante ce qui se vivait en elle « au mieux » au moment où les situations compliquées se sont produites et « au pire », juste avant d’entrer chez elle, ce mélange d’informations/sensations/émotions enchevêtrées les unes dans les autres aurait pu être évité. Elle serait rentrée, aurait peut-être ressenti le besoin de partager son vécu avec son mari et il n’aurait pas été accablé de faits ne le concernant en rien. Au lieu de cela, l’escalade symétrique est lancée, le flot de mots/poison émotionnel s’envole et c’est le chaos.
En conclusion
Parce que les mots, les pensées, les actions partent de nous, il est essentiel d’être le plus au clair possible en soi pour éviter la communication biaisée par un manque de cohérence, de clarté, comme nous l’avons vu plus haut. Plus nous serons au fait de ce qui se passe en nous, de pourquoi cela se passe en nous de cette manière (quels sont les besoins non satisfaits) plus nous pourrons avoir une attitude « juste » et remplie de compassion envers nous-même et puis envers l’autre.
Par Céline Jennequin
Bibliographie :
Edel Maex, Apprivoiser le stress par la pleine conscience, De Boeck Supérieur, 2017, 3ème édition.
Thich Nhat Hanh, S’asseoir, Editions Belfond, 2014.
Kabat-Zinn Jon, Au cœur de la tourmente, la Pleine Conscience, De Boeck, 2014
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